Sophie Curtil : Pastels et gravures
Milos Cvach : Reliefs peints, dessins et gravures
Sophie Curtil, Pastel, 75 x 106 cm
Milos Cvach, Relief peint, contreplaqué laqué
Quelques vues de l'exposition
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"Polarités" par Sophie Curtil
« Je pense à pôle. Je pense à deux. Je pense à opposés.
Et puis je pense à axe, à deux points reliés.
Tracer un axe sur une feuille, c’est justement mon point de départ : horizontal, vertical ou diagonal, c’est lui qui donne l’orientation.
« La polarité est la propriété qu’a une aiguille aimantée de se diriger vers les pôles du monde » (‘Encyclopédie, 1765)
Se diriger vers les pôles du monde !
Définition belle comme un poème… La rêverie s’engage dans une dynamique double et antagonique, dans un élan contradictoire « vers les pôles du monde ».
Sous cette extrême tension, l’axe résistera t-il ?
Mon axe, simple trait de crayon, est encore flottant. Il n’indique ni haut ni bas, ni envers ni endroit, à peine la symétrie de deux parts égales.
L’espace est libre, avec juste cet axe qui peut se retourner à tout moment.
Je suis sans intention, j’observe l’axe qui se cherche et j’en ressens, aux extrémités, les deux pôles qui le tirent chacun dans une direction opposée.
Sous mon crayon la ligne de l’axe est tiraillée, hésitante.
L’axe se retourne. Autour de lui s’effectue un mouvement de rotation de masses encore invisibles.
Ces masses se condensent peu à peu et, par grandes bouffées de couleurs, balayent l’espace. Des vagues chaudes ou froides, claires ou sombres, déferlent, se repoussent, s’attirent ou se fondent. Elles n’ont ni forme ni contours mais sous le poids de leur énergie l’axe résiste, ou bien se tord, se brise, se courbe, se déplace , se transforme.
Les forces sont maintenant en place et avec elles l’orientation, le mouvement, l’énergie, la lumière.
C’est à la forme de les réunir, de relier les pôles et tout ce qui s’oppose : le chaud et le froid, le lourd et le léger, le dynamique et le statique, le clair et l’obscur, le loin et le près, le plein et le vide, le noir et le blanc.
Contenir ces forces opposées et les mettre en tension pour en faire une unité, c’est faire advenir une forme.»
Sophie Curtil est née à Paris en 1949.
Ses œuvres sont présentes dans des collections privées en Europe et aux USA, et dans des collections publiques en France au Fonds National d’Art Contemporain, à la Bibliothèque Nationale, au Fonds Régional d’Art Contemporain de Franche-Comté ; aux USA à la Corcoran Gallery of Art, Washington (DC) et dans les musées d’art d’Athens (Georgia) et de Durham (North Carolina). Plusieurs galeries et musées en République tchèque ont exposé ses pastels, qui font désormais partie des collections du Musée d’Art d’Olomouc et de nombreuses collections privées.
Elle a contribué à des ouvrages de bibliophilie (Edition Friedenauer Presse, Berlin ; Edition Hôtel Continental, Plancoët) et publié des livres d’artiste destinés aux enfants (Edition Les Trois Ourses / Les Doigts Qui Rêvent). A ce titre elle a été invitée par de nombreux festivals dans toute l’Europe.
Sophie Curtil a également obtenu plusieurs bourses et prix dont la Mention au Prix de gravure Lacourière et deux bourses de Création du Centre National du Livre.
"Polarités" par Milos Cvach
« L’Equateur se situe à égale distance des deux pôles. Les jours y durent toujours le même temps et la nuit y tombe subitement. Mais dès qu’on s’en éloigne les durées se modifient, les saisons apparaissent. Elles apportent au gré de l’année des périodes chaudes, puis froides, des journées brèves, puis longues et le crépuscule s’allonge. La chaleur est compensée par le froid, la lumière par l’obscurité. Le mouvement des astres, leurs parcours et la juste distance entre le Soleil et la Terre amènent un équilibre et une harmonie qui rendent la vie possible…
Pour qu’une œuvre d’art soit vivante, elle a aussi besoin d’équilibre. Mais arriver à l’équilibre parfait entre deux contraires me semble aussi inatteignable que s’immobiliser dans un centre absolu. C’est pourquoi je me suis très tôt attaché au mouvement car c’est en bougeant qu’on garde l’équilibre, bien que précaire, et c’est en passant qu’on touche un instant le centre. Ainsi tout ce que je fais prend racine dans le mouvement.
Dans le mouvement, il y a aussi un parcours. On va quelque part, on ne sait pas où, mais on garde le chemin car ce chemin, c’est la vie. Sur le chemin on rencontre une multitude d’impressions, d’influences, de sensations, souvent contradictoires. On y croise des instants aussi éphémères qu’intenses. Quand je m’en saisis pour tenter de les fixer, les incarner dans une forme, j’essaie de trouver une solution dynamique, mais toujours mesurée. Il faut alors s’approcher du centre et de l’équilibre qui ne peuvent être atteints que par un mouvement oscillatoire entre différents pôles opposés. »
Né en Tchécoslovaquie en 1945, Miloš Cvach vit à Paris depuis 1973.
Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Prague, il a été successivement enseignant à l’UER d’Arts Plastiques et Sciences de l’Art de l’Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne, à l’Ecole des Beaux-Arts de Quimper et à l’Ecole Supérieure des Arts Plastiques et du Design de Valenciennes. Il a également été Animateur et Chargé de formation au MNAM du Centre Pompidou. En 1987 Miloš Cvach reçoit une bourse d’étude et d’information du Gouvernement des Etats-Unis et une invitation de résidence artistique à Yaddo Colony dans l’Etat de New York. Ses œuvres sont exposées en Europe, aux Etats-Unis ainsi qu’en Chine et font partie de nombreuses collections privées et publiques dont la Galerie Nationale à Prague, la Galerie Morave à Brno, la Galerie Benedikt Reit à Louny (République tchèque) ; la Städtische Kunsthalle à Mannheim, le Museum Pfalzgalerie à Kaiserslautern (RFA) ; la Corcoran Gallery à Washington, (USA) ; le Musée Royal de Mariemont (Belgique) ; le Musée Picasso à Antibes… Milos Cvach est représenté par la Galerie Wack à Kaiserslautern, RFA.