Sébastien DARTOUT

Sébastien DARTOUT

 

Inscrire le travail d’un artiste dans une filiation s’avère un geste périlleux, puisqu’il s’agit de remonter aux sources, de peser les influences, au risque de manquer l’originalité d’une œuvre.Le travail de comparaison nous aide à comprendre en même temps qu’il trahit la singularité.
Dans cette perspective, on peut néanmoins avancer que la peinture de Sébastien Dartout (né en 1980 à Aubenas et travaillant à Paris), entretient une affinité avec une certaine pratique minimaliste, trouvant son point de départ dans la peinture américaine du début des années 1950. On peut qualifier la peinture de Sébastien Dartout d’ « abstraite ». Celle-ci fonctionne à partir d’une disposition de plans, l’artiste utilisant l’acrylique (donc une peinture d’origine chimique) et la technique du pliage sur papier. Les dernières compositions se signalent par l’apparition de nouveaux tons et l’importance de cette  technique du pliage. Alors que certaines œuvres de Sébastien Dartout procédaient à la constitution d’un champ ou d’une profondeur, la saturation du papier par la couleur, principalement le noir et le blanc, et la matérialité du pliage (accentuant les lignes) semblent désormais témoigner d’une nouvelle recherche picturale.

Simon Hantaï cherchait par la systématisation de la méthode du pliage et le rôle du hasard à interroger le geste de l’artiste. On pourrait également parler, dans la peinture de Sébastien Dartout, d’une gestualité en question, se déployant avec réserve. Sébastien Dartout déclarait par exemple chercher à « suggérer » le pliage du papier.

Nous avons donc affaire à une peinture formelle, se réalisant dans une procédure, un détail, une « manière de faire », une exécution se donnant à lire comme telle. Sébastien Dartout confiait se démarquer de toute démarche conceptuelle.

La peinture est minimaliste, mais pas exempte d’engagement, notamment spirituel. Et on pourrait dire, d’une certaine manière, que cet engagement se signale ici  par le pliage, une superposition des couleurs, la recherche d’un rythme, d’une harmonie, bref, la confrontation renouvelée à une pratique, un métier.

Les formats semblent interdire toute impression de monumentalité, et, comme des pages, les œuvres de Sébastien Dartout nous donne à lire cette exigence et permettent de s’interroger à nouveau sur ce que peut signifier la peinture aujourd’hui et sur ce qu’il reste de spirituel dans l’art.


Antoine Bioulès, juin 2015

Voir le site de la galerie Bernard Jordan à Zürich:
bernardjordan

 


Principales expositions :

 Expositions personnelles


2016 Galerie Mirabilia, Lagorce (Ardèche)

2015 Galerie Bernard Jordan, Zürich

2011 Galerie du Haut-Pavé, Paris

2009 Chapelle des Salleles, Saint-Maurice-d’Ibie (Ardèche)


2008 Galerie Brousse, Montpellier


2006 Hôtel de ville, Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche)

 

 

 

 

Expositions collectives

2016     Galerie du Haut-pavé, Paris


2013   De rendez-vous en rendez-vous , Galerie du Haut-Pavé, Paris

2013    7+1 Architektur, Volumen, Räumlichkeit, Galerie Jordan Seydoux, Berlin

2012 De rendez-vous en rendez-vous , Galerie du Haut-Pavé, Paris

2008 Salon d’art contemporain, Montpellier

2006 UNESCO, ville d’Alès

 

 

Bibliographie

 

Louis Doucet, Subjectiles 3, Le Manuscrit, Paris, 2012, pp.59-61

 

Sébastien Dartout vit et travaille... On peut qualifier sa peinture la plus récente « d’abstraite ». Ses toiles fonctionnent de manière générale à partir d’une disposition de plans ou de bandes de couleurs noires/blanches sur un fond homogène. Mais le geste de Sébastien Dartout tranche avec la peinture française – abstraite et formaliste – des années 1970. Ce dernier ne remet pas en cause l’espace pictural, la profondeur et le champ. Lui- même parle d’une « ligne d’horizon » qui structure constamment ses toiles. L’agencement des couleurs et le chevauchement habile des plans caractérisent également un espace dans lequel la couleur est comme «en suspension», présence à la fois précaire et énigmatique. Certaines toiles tendent d’ailleurs à une saturation totale de l’espace, mais Sébastien Dartout n’a pas franchi cette limite pour l’instant.

Son œuvre nous confronte donc à la construction d’un espace singulier, qui ne cesse d’évoluer. Une tension porte cette évolution, qui oscille entre rupture et continuation. Certaines séries paraîtront accentuer une géométrisation des formes, une composition marquée par l’horizontal et le vertical. D’autres auront un aspect plus sériel, comme c’est le cas sur certaines toiles où se disposent en alternance des bandes horizontales asymétriques de noir et de blanc, de façon presque répétitive. D’autres enfin, présentent des formes plus arrondies, aériennes et poétiques, que l’on pourrait rapprocher de certaines compositions de Jean Arp.

Antoine Bioulès, mai 2011

 

 ... "Du monde extérieur, on pourra reconnaître des fragments de cartes géographiques, de labyrinthes ou de coupes géologiques qui, au fil des peintures, se simplifient, perdent de leurs couleurs pour se stabiliser dans des nuances de noirs et de blancs, parfois ravivées par une bande beige ou ocre. Du monde intérieur, on décèle une angoisse existentielle, une volonté de concentration sur ce qui demeure, sur ce qui est ontologiquement indis- pensable, au-delà des apparences et des faux-semblants. On pense au naufragé qui doit, en quelques secondes, trancher entre ce qu’il conserve et ce qu’il va laisser filer.
La démarche de Sébastien Dartout a tout d'une ascèse...."

Louis Doucet, 2011 in:  Sébastien DARTOUT, Ce monde vu non plus de l’homme, mais en l’ange, est peut-être ma vraie tâche*..(Rainer Maria Rilke, lettre à Ellen Delp)
texte repris dans Subjectiles 3, Le Manuscrit, Paris, 2012, pp.59-61

ŒUVRES DE Sébastien DARTOUT